Inefficacités vs Primes de risque : comprendre la base du trading algorithmique

Vous avez peut-être l’impression que dans le trading, les stratégies, les bots, il existe une infinité de méthodes et de styles de trading, d’indicateurs et de “secrets” à découvrir. Pourtant, si on remonte aux sources des événements qui peuvent donner lieu à des profits, il n’existe en réalité que deux grandes familles de stratégies :

1. Celles qui exploitent les inefficacités de marché.
2. Celles qui capturent des primes de risque.

Alors aujourd’hui, on vous propose de voir le trading sous cet angle, ce qui vous donnera de nouvelles perspectives sur votre trading et de nouvelles pistes à explorer dans vos conceptions de stratégie.

🪙 L’histoire du billet sur le trottoir et l’autoroute

Probablement, la meilleure manière de vous expliquer ces deux familles de stratégies est au moyen d’une métaphore.

Imaginez : vous marchez dans la rue et vous voyez un billet de 20 € par terre.

Deux scénarios sont possibles :

• Scénario 1 : ce billet est tombé de la poche de quelqu’un qui sortait du bar hier soir. Personne ne l’a vu, il est là par hasard. Si vous êtes le premier à passer, vous le ramassez. → C’est une inefficacité : une erreur ponctuelle du marché, que vous exploitez.
• Scénario 2 : vous voyez un billet… mais en plein milieu d’une autoroute. Tout le monde le voit aussi, mais peu osent courir au milieu des voitures. Si vous décidez d’y aller, vous prenez un risque que d’autres refusent. En échange, vous pouvez être « payé » si vous réussissez. → C’est une prime de risque.

Cette métaphore est parlante : soit vous profitez d’une anomalie temporaire, soit vous acceptez un risque permanent que d’autres ne veulent pas porter.

⚡️ Les inefficacités : le mirage qui disparaît vite

Donc si on généralise, une inefficacité est une « erreur » du marché : souvent un arbitrage temporaire, une donnée mal prise en compte, une liquidité mal placée.

• Elles existent, mais elles sont rares et souvent éphémères.
• Une fois découvertes, elles finiront par disparaitre, car d’autres personnes finissent par les exploiter.
• Elles offrent généralement des gains stables avec un risque maîtrisé, mais difficiles à répéter dans le temps.

Exemple concret en crypto : l’arbitrage entre exchange ou devise, comme le kimchi premium un phénomène d’écart de prix souvent constaté sur le Bitcoin entre la Corée du Sud et le reste du monde, cet arbitrage a été exploité longtemps par FTX et SBF son fondateur. Aujourd’hui ? Presque impossible, car les algos de haute fréquence les corrigent instantanément et de nombreux acteurs ont maintenant des passerelles bancaires avec la Corée du Sud.

Si vous souhaitez découvrir plus en détail le kimchi premium, nous vous recommandons cette vidéo sur cette histoire.

📈 Les primes de risque : les fondations solides

À l’inverse, une prime de risque peut être durable. Elle existe parce que certains acteurs du marché ne veulent pas (ou ne peuvent pas) supporter un type de risque particulier.

Quelques exemples connus :

• Le risque de tendance : suivre le mouvement d’un marché implique d’accepter de nombreux faux signaux et donc du drawdown.
• Le risque de retournement : on entend souvent de ne pas rattraper un couteau qui tombe pour signifier de ne pas acheter un actif qui est en train de se crasher mais de temps en temps si c’est fait au bon moment cela peut être très rémunérateur, c’est la prime de risque.
• Le risque de volatilité via les options : vendre des options permet d’encaisser une prime régulière, mais expose à des pertes importantes lors d’un choc de marché.

Ces stratégies n’apportent pas forcément des coups d’éclat, mais elles sont scalables : on peut y investir beaucoup de capital, et elles continueront surement de fonctionner tant que le marché ne subit pas de gro changement.

🔍 Classer n’importe quelle idée : le test en 3 questions

1. Est-ce que ça paierait encore si tout le monde était au courant ?→ Non → plutôt inefficacité.→ Oui (mais beaucoup n’oseraient pas le faire) → prime de risque.
2. D’où vient l’argent ?→ Défaut mécanique / opérationnel → inefficacité.→ Compensation d’un risque porté (variance, liquidité, crash) → prime de risque.
3. Qu’est-ce qui le tue ?→ Patch technique / changement de règle / nouveaux acteurs → tue l’inefficacité.→ Changement de régime (marché sans tendance, re-pricing du risque) → blesse la prime de risque, mais elle ne s’évanouit pas forcément.

🧭 Recommandation pratique : priorisez les primes de risque

• Consacrez l’essentiel (temps & capital) aux stratégies de primes de risque robustes et scalables (trend, mean reversion, volatilité encadrée...). C’est là que se construisent des rendements récurrents via discipline, gestion du risque et qualité d’exécution.
• Pourquoi ? Ces primes sont structurelles : on vous « paie » pour porter un risque que d’autres refusent. Elles survivent à la concurrence si elles sont bien encadrées, contrairement aux inefficacités qui s’évanouissent.
• Inefficacités = bonus opportuniste. Rares, éphémères et ultra-compétitives ; en tant que particulier, il est difficile de rivaliser avec des fonds quant/market makers dotés d’infrastructures, de latence, de capital et d’équipes de recherche. Si vous en exploitez une : tailles modestes, durée limitée, critères de sortie clairs.
• Investissez vos efforts concrets dans :
  • des règles simples, testées hors échantillon, sur un univers défini ;
  • le calibrage du risque (calcul de drawdown, sharpe ratio, simulation de monte carlo...) ;
  • la maîtrise des coûts d’exécution et des corrélations ;
  • une montée en charge progressive (paper → petit capital → scale).
• Tenez un carnet d’hypothèses. Pour chaque stratégie, notez la source du rendement (prime de risque vs inefficacité), les régimes favorables et ce qui peut la « tuer ». Coupez vite si la réalité contredit l’hypothèse.

En conclusion, nous pensons que la vraie compétence du trader, ce n’est pas d’inventer des dizaines de stratégies exotiques. C’est de savoir dans quelle catégorie il joue, et de construire un portefeuille équilibré en conséquence.